L’empreinte de l’ombre est un projet photographique qui a vocation à devenir une publication en commun, collective. Ce pourrait être un livre-photo ou un livre d’artiste. L’idée est de créer un objet.
Nous essayons de montrer ce qu’est Auschwitz, dans les lieux même, dans cette Pologne d’aujourd’hui, dans les esprits de ceux qui le visitent, qui y vivent. C’est pour nous une première de porter une telle ambition, de se frotter à un passé encore douloureux.
Nous ne cherchons pas à relater une page d’histoire, un pan de la mémoire commune. Nous sommes résolument dans le temps présent. Ce sont maintenant les pas des visiteurs qui usent les marches. Ils font partie désormais des marques laissées pour l’avenir. Nous souhaitons montrer la trace laissée sur ces lieux depuis longtemps sacralisés par l’état polonais. Nous voulons présenter un instantané de cette terre, de ce paysage. Nous avons envie de dépeindre la muséographie, le dispositif qui met en lumière, le devoir de mémoire, mais aussi les images mentales, la portée intime chez ceux qui y sont passés ou qui se refusent d’y venir.
Au vu de nos parcours respectifs, c’est pour nous une forme d’engagement. Ne pas rester les bras ballants, mais en faire quelque chose. Stéphane Hessel affirme, chaque génération est en mesure de trouver sa place et son engagement, selon lequel l’homme n’est vraiment homme que lorsqu’il est vraiment engagé et qu’il se sent responsable.
Nous pouvons admettre l’influence de pensée d’une longue lignée d’artistes impliqués contre la violence, les extrêmes. Nous avons conscience que notre projet véhicule des images de douleur, de souffrance. Nous attendons du regardeur une attitude citoyenne, peut-être jusqu’à une volonté d’aller voir par lui-même, de tenter l’expérience.
Cette œuvre en devenir s’est imposée à nous simultanément, avec une telle force qu’elle nous est essentielle, indispensable de l’amener jusqu’à son public. C’est aussi une manière de l’extraire de nous, de pouvoir la partager, en parler. L’histoire a tendance à se répéter.
